Une rencontre riche d’enseignement
Témoignage
29/11/2022
Jeudi 17 novembre 2022, à l’occasion du DuoDay, temps fort de la SEEPH, Arthur a été accueilli à la brigade de gendarmerie de Luçon, afin de découvrir ce métier qui le passionne.
Le principe du DuoDay, dont la 5e édition s’est tenue jeudi 17 novembre 2022, est simple : un organisme, privé ou public, accueille, le temps d’une journée, une personne en situation de handicap, en duo avec un professionnel volontaire, afin de lui offrir la possibilité de découvrir le métier.
De nombreuses unités de gendarmerie ont pris part à cette opération nationale, à l’instar de la brigade de Luçon, en Vendée, qui a reçu Arthur, un jeune homme de 17 ans, en lien avec le Groupe d'entraide mutuelle pour adultes autonomes porteurs de Troubles du Spectre de l'Autisme (TSA) en Vendée (GEM TSA 85). Il a été accompagné toute la journée par la maréchale des logis-cheffe (MDC) Virginie.
« Arthur est ce qu’on appelle autiste de haut niveau, explique la gendarme. Il n’a aucune déficience intellectuelle, bien au contraire, et s’exprime remarquablement. C’est lui qui a tenu à découvrir la gendarmerie, pour voir l’envers du décor. Il est arrivé avec une grande connaissance de notre métier, en sachant beaucoup de choses que peu de gens savent. Il était passionné et a montré toute la journée un intérêt et une curiosité incroyables. »
Lorsque le commandant de la Communauté de brigades (CoB) de Luçon, le major Éric, lui a proposé d’accompagner Arthur lors de ce DuoDay, Virginie n’a pas hésité une seconde. « J’aime le contact, rencontrer des gens, et apprendre d’eux. » En début d’année, elle avait déjà participé, en lien avec la Fondation OVE, à une formation à la sécurité routière auprès de personnes majeures atteintes de TSA. « L’idée était de leur rappeler le sens des principaux panneaux de signalisation et de leur donner des conseils pratiques pour pouvoir se déplacer en toute sécurité dans la ville, détaille Virginie. Ils étaient très investis et ont rempli, en fin de session, un questionnaire pour valider l’obtention de leur permis piéton. Tous ont été reçus ! Nous prévoyons une seconde session avec d’autres personnes autistes qui, elles, verbalisent très peu. Nous travaillerons cette fois à partir de pictogrammes. »
Virginie a commencé par présenter à Arthur la brigade, ses locaux et ses personnels, les différentes missions du quotidien, avant de lui montrer comment on prenait des empreintes et réalisait des prélèvements ADN. Elle lui a ensuite remis un exemplaire du dernier numéro du magazine Gend’Info, consacré au GIGN. Arthur a aussi rencontré l’adjudante Esmeralda, référente Violences intra-familiales (VIF) de la compagnie de Fontenay-le-Comte, qui lui a expliqué son rôle et la problématique des VIF.
Après un déjeuner au Mess du casernement, Arthur a pu découvrir les différents équipements du gendarme, du gilet pare-balles au casque, ainsi qu’un véhicule d’intervention. « Mais c’était vraiment une journée d’échanges, insiste Virginie. Arthur m’a également appris beaucoup de choses sur les TSA, ce qu’il fallait faire pour prendre en charge une personne qui en est atteinte, notamment le fait que les autistes n’aiment pas le contact tactile, qu’il faut les accompagner en douceur pour éviter qu’ils ne se bloquent. J’ai aussi appris qu’ils avaient une hypersensibilité à certains bruits, certaines fréquences, à la lumière aussi. »
Pour Virginie, il serait sans doute nécessaire pour les gendarmes d’être davantage sensibilisés à cette question de la prise en compte des personnes handicapées. « Dans mon unité précédente, un citoyen handicapé posait souvent des problèmes, involontairement, en traversant la route n’importe comment, et en mettant donc en danger lui-même et les autres, ce qui pouvait provoquer des tensions, voire déboucher sur des violences. Nous avons appris à communiquer, difficilement, avec lui, mais cela aurait été plus simple si on avait suivi une information à ce sujet. Lors de la formation initiale, on apprend à prendre en compte les victimes, les auteurs, y compris quand ils sont sous l’effet de l’alcool ou de stupéfiants, mais il manque peut-être un volet sur les personnes souffrant d’un handicap, surtout si celui-ci est invisible, comme l’autisme, afin de pouvoir les prendre en compte dans les meilleures conditions. »